Acné du corps : dos, poitrine, torse – causes et solutions

Causes et facteurs aggravants de l’acné corporelle¹

Bien que les mécanismes de l'acné corporelle soient similaires à ceux de l'acné faciale, certaines particularités la distinguent. Les principaux facteurs de développement de l’acné incluent l'hyperkératinisation folliculaire (épaississement anormal de la peau à l'entrée des pores, empêchant le sébum de s’écouler correctement), la colonisation par la bactérie Cutibacterium acnes et l'inflammation. Par rapport à l'acné du visage, la production de sébum joue un rôle moins important dans les zones du tronc.

Les hormones, particulièrement les androgènes durant la puberté, influencent significativement le développement de l'acné en stimulant la prolifération des kératinocytes folliculaires, la croissance bactérienne et la production de sébum. Les troubles hormonaux comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) peuvent également favoriser l'apparition d'acné sur le corps.

Le microbiote cutané joue également un rôle dans l’acné. Les populations de bactéries sont différentes sur la peau du corps (prédominance d’entérocoques) par rapport à celle du visage (prédominance de Cutibacterium acnes et staphylocoques).  Une moindre diversité microbienne semble également influencer la sévérité de l'acné, en favorisant la prolifération de certaines souches de Cutibacterium acnes impliquées dans l’inflammation cutanée.

Les spécificités de la peau du corps la rendent particulièrement vulnérable à certains facteurs aggravants :

• Son épaisseur différente.
• Son pH spécifique.
• La distribution particulière des glandes sébacées.
• Sa sensibilité aux facteurs mécaniques comme la transpiration, la friction, la pression et l'occlusion.

Une prédisposition génétique joue également un rôle, notamment dans la formation des cicatrices. 

Symptômes de l’acné corporelle¹

L'acné corporelle se manifeste par différentes lésions cutanées allant des comédons aux lésions plus sévères comme les papules, pustules et nodules. Ces lésions apparaissent principalement sur le torse et le dos et se concentrent généralement le long de la ligne médiane du corps.

La répartition des lésions varie selon les zones anatomiques, avec une prédominance sur :

• Le haut du dos (52 % des cas)
• Le haut de la poitrine (30 % des cas)
• Le bas du dos (22 % des cas)
• Les épaules et les bras (16 % des cas)
• Le cou (8 % des cas)

Des études ont exploré les différences entre les hommes et les femmes quant à la localisation des lésions. Chez les hommes, l'acné touche principalement le dos (19,4 %) suivi de la poitrine (18,1 %), tandis que chez les femmes, elle affecte le dos (13,9 %), le cou (12,7 %) puis la poitrine (11,1 %).

Dans les formes sévères, comme l'acné conglobata, on observe des nodules, des abcès et des kystes profonds sur le torse, les épaules, le dos et les bras. L'acné fulminans, la forme la plus grave, se caractérise par l'apparition soudaine de plaques inflammatoires douloureuses avec des ulcères et des croûtes hémorragiques sur le thorax et le dos, épargnant généralement le cou. Ces formes sévères laissent souvent des cicatrices, souvent épaisses et en relief (dites hypertrophiques).

Quels traitements pour l’acné corporelle ?^{1 2}

Les principes généraux de traitement de l’acné du corps ressemblent à ceux appliqués au visage mais la prise en charge de l’acné corporelle nécessite quelques ajustements. L’étendue de la surface à traiter, les différences de texture cutanée et le risque important de cicatrices hypertrophiques rendent une intervention précoce et adaptée essentielle. Malgré le manque de recommandations spécifiques, les dermatologues conseillent d’appliquer des stratégies de traitement similaires à celles de l’acné du visage, en ajustant les modalités d’utilisation et la durée des traitements.

Traitements locaux 

Les traitements locaux, tels que le peroxyde de benzoyle et les rétinoïdes, représentent la première ligne de traitement contre l’acné corporelle légère à modérée. Leur action permet de réduire l’inflammation, de prévenir la formation de comédons et de limiter l’apparition de nouvelles lésions, améliorant ainsi progressivement l’aspect de la peau sur le dos, le thorax et les épaules. Compte tenu de l’étendue des zones à traiter, l’emploi de gels, de lotions ou d’autres formats adaptés est généralement nécessaire. Pour maintenir les bénéfices obtenus et prévenir les rechutes, il est essentiel de poursuivre ces traitements locaux même après l’obtention d’une amélioration visible, assurant ainsi une rémission durable.

Il est à noter que le peroxyde benzoyle peut décolorer les vêtements et les draps.

Traitements oraux

• Antibiotiques (cyclines)

En cas d’acné corporelle modérée à sévère, les antibiotiques par voie orale, comme la doxycycline ou lymecycline, peuvent être associés aux traitements locaux. Ils réduisent l’inflammation et sont utilisés sur une période limitée afin de prévenir les résistances.

• Isotrétinoïne par voie orale

L’isotrétinoïne est le traitement de référence des acnés sévères, très sévères, résistantes ou présentant un risque élevé de cicatrices en seconde intention après échec d’un traitement classique bien mené. Elle nécessite une surveillance médicale étroite, compte tenu de ses effets secondaires potentiels et des impératifs de contraception chez les femmes en âge d’avoir des enfants.

• Contraceptifs oraux et traitements hormonaux

Chez les femmes, certaines pilules contraceptives peuvent contribuer à améliorer l’acné corporelle 
Dans les situations associées à une hyperandrogénie, le recours à des traitements hormonaux spécifiques se décide après concertation entre la patiente, son dermatologue et son gynécologue.

Prévenir l’acné sur le dos, le torse et les épaules^{3 4}

La prévention de l’acné du corps s’appuie sur une approche globale, alliant hygiène adaptée, soins spécifiques et habitudes de vie équilibrées. En mettant en place des gestes simples au quotidien, il est possible de limiter non seulement l’apparition de nouvelles lésions, mais aussi l’aggravation de celles existantes.

Soins corporels adaptés et douche post-exercice

• Opter pour des vêtements amples et respirants
  Privilégiez des tissus comme le coton ou les matières techniques anti-transpiration pour évacuer l’humidité et éviter l’accumulation de sébum et de bactéries. Des habits serrés ou synthétiques peuvent irriter la peau et favoriser l’obstruction des pores.
   
• Se doucher rapidement après toute activité sportive
  Après un entraînement ou une séance de sport, la transpiration s’accumule, mêlée à l’excès de sébum et aux impuretés. Une douche rapide, avec des produits de toilette doux et sans frotter, réduit le sébum, prévient la prolifération bactérienne et limite l’apparition de nouvelles lésions sur le dos, le torse et les épaules.

Choix de produits non comédogènes et gestes doux

• Utiliser des nettoyants doux au pH adapté
  Optez pour des gels dermatologiques non agressifs, sans alcool ni antiseptiques irritants. Des formules non comédogènes, spécialement conçues pour les peaux à tendance acnéique, permettent de nettoyer sans altérer la barrière cutanée.
   
• Éviter gommages agressifs et les pratiques irritantes
  Les brosses dures et les gommages abrasifs risquent de fragiliser l’épiderme et d’exacerber l’inflammation. Un nettoyage en douceur, sans grattage, préserve l’équilibre de la peau et limite les réactions inflammatoires.

Protection solaire

Le soleil peut épaissir la peau et aggraver l’acné (effet rebond à l’arrêt de l’exposition), ainsi que favoriser les hyperpigmentations post-inflammatoires. Une protection solaire adaptée aide à prévenir ces effets indésirables. Recherchez l’ombre en été et utilisez une crème solaire haute protection, adaptée à l’acné. Optez pour des formules sans huile et non comédogènes. 

Hygiène de vie et alimentation 

Gratter, presser ou percer les lésions aggrave l’inflammation, favorise les cicatrices et prolonge la durée de l’acné. Adoptez une approche “mains libres” pour réduire les risques de contamination et de surinfection.

• Gérer le stress et éviter le tabac
  Le stress et le tabac ont un impact négatif sur la peau. Le stress peut augmenter la production de sébum via certains neurotransmetteurs, tandis que le tabac réduit l’oxygénation cutanée et favorise l’inflammation de la peau. Apprendre à gérer son stress, pratiquer une activité physique régulière ou encore consulter un professionnel de la santé mentale peut aider à réduire l’influence de ces facteurs sur l’acné.
   
• Adapter son alimentation
  Bien que le rôle exact de l’alimentation reste débattu, limiter l’excès d’aliments à index glycémique élevé (“sucres rapides”), de produits laitiers et le grignotage pourrait contribuer à un meilleur équilibre de la peau. Un mode de vie sain, avec une alimentation variée et équilibrée, riche en fruits et légumes, semble globalement favorable.

Gérer les cicatrices et les impacts psychologiques de l'acné corporelle^{1 5}

L’impact psychologique et émotionnel de l’acné du corps peut avoir un retentissement profond sur la qualité de vie. Chez des personnes atteintes simultanément d’acné faciale et corporelle, la détresse est encore plus marquée, se traduisant par une baisse significative de l’estime de soi, de l’anxiété, voire des symptômes dépressifs. Ces effets, parfois amplifiés durant l’été, lorsque le corps est plus exposé, ne disparaissent pas toujours avec l’amélioration des symptômes cutanés. Face à ce mal-être, une approche globale, intégrant la prise en charge des cicatrices et un soutien psychologique, est nécessaire pour restaurer une qualité de vie satisfaisante.

Prise en charge dermatologique des cicatrices d’acné sur le corps

La réduction des cicatrices d’acné corporelle implique souvent des traitements spécialisés, tels que les peelings chimiques, les lasers ou les dermabrasions. En améliorant l’aspect de la peau, ces approches peuvent contribuer à restaurer la confiance en soi. 

Soutien psychologique, évaluation de l’impact et approche globale

Au-delà de la dimension physique, le bien-être émotionnel doit être pris en compte. Un accompagnement psychologique peut s’avérer nécessaire. Une approche pluridisciplinaire, impliquant dermatologues, psychologues ou psychiatres et autres professionnels de santé, permet de réduire le mal-être associé à l’acné.